Les bandes dessinées intéressent et fascinent dès le plus jeune âge. Disponible à la lecture à partir de 3ans et jusqu’à… 100 ans, la bande dessinée traverse les générations et aborde tous les genres littéraires. Tu aimerais bien en créer une toi-même mais tu ne sais pas trop comment t’y prendre ? La Cabane à Jouer te donne quelques pistes pour y arriver, aidée des précieux conseils de Bast, illustrateur et enseignant à Bordeaux qui a répondu à toutes nos questions sur le sujet.
Étape 1 : concevoir l’histoire et les personnages
Avant de te lancer dans l’écriture de ta bande dessinée, tu as certainement pensé en amont à ce que tu aimerais raconter. L’histoire, le contexte, les personnages… tu sais déjà de quoi va parler ta BD, et c’est bien. Un conseil, pour te conforter dans ton choix, n’hésite pas à aller voir ta famille, tes camarades ou ton prof d’art plastique pour leur faire part de ton idée et leur demander leur avis. Ils pourront très certainement te guider sur certains points. Après, tu n’auras plus qu’à te mettre au travail !
Étape 2 : écriture du scénario
Comme toute histoire, il te faut en premier lieu définir la base : le scénario. C’est à toi d’imaginer une aventure : elle peut être centrée sur un personnage ou plusieurs, une situation, un évènement, etc. En fait, ton scénario va définir la trame de ton histoire et c’est là que commence tout un travail de réflexion.
Ton scénario va devoir reposer sur trois points majeurs :
- La réflexion : il s’agit là d’imaginer les très grandes lignes de ton projet. En prenant le temps, réfléchis au développement de ton histoire, aux personnages, aux péripéties, aux moments de vie, etc. Aussi, même si tu n’en es qu’aux prémices, il faut que tu penses à la conclusion de ton scénario pour boucler ton histoire, et ainsi, commencer l’écriture. En général, la fin décrit le retour à une certaine stabilité pour le personnage principal. Et si tu en as envie, tu peux également en tirer une morale.
- Le séquencier : pour que ton scénario prenne vie en dessin, il te faut te créer un séquencier. Autrement dit, le déroulé de la narration pour ton lecteur. Le séquencier enchaîne les scènes que tu vas proposer dans ta bande dessinée. Ainsi, tu pourras évaluer combien de pages une scène peut prendre : par exemple, scène d’ouverture = 3 pages.
- Le découpage : maintenant que la narration est au point, il faut que tu sois de plus en plus précis. C’est pourquoi, le découpage est là pour fractionner page par page, case par case chaque scène. En fait, le découpage détermine la forme et le rythme de ta narration, ton texte et tes images. Cette action permet de mieux visualiser ton histoire, c’est une étape très importante dans la construction de ta BD. ) : « L’idée est de dessiner des « mini-pages BD » avec des dessins moches, mais c’est pour juste décider du nombre de cases dans la page, la disposition des différents éléments dans la page, les points de vue de chaque case, les cadrages, la place des bulles…). C’est l’étape la plus difficile à mon sens ! » explique Bast.
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Étape 3 : dessiner et imaginer les bulles de dialogue
Pour cette troisième étape, il s’agit de faire beaucoup de recherches graphiques pour savoir comment concrétiser tous les éléments de l’histoire (les décors, les personnages, les accessoires…) : « il faut savoir dessiner les personnages dans tous les sens (profil, face, ¾, plongée, contre-plongée…) et respecter l’anatomie et la perspective. » souligne Bast.
Les bulles sont toujours placées dans un ordre bien précis : de la plus haute à la plus basse. Une bulle ne peut pas être sur la même ligne que l’autre, mais si tel est le cas alors celle de gauche sera toujours lue avant celle de droite.
Côté technique, la pointe de la bulle doit être orientée au niveau de visage ou de la bouche du personnage. Aussi, les bulles doivent être suffisamment grandes pour que le texte soit de la même taille, de la même police et du même caractère d’écriture (majuscule ou minuscule).
Et pour mettre en couleur ta bande dessinée, tu peux faire des crayonnées (tout dessiner dans les détails, mais au crayon) de chaque page au bon format définitif et encrer toutes les pages (repasser le crayon avec un trait noir au pinceau, au feutre, à la plume métal ou en numérique).
Enfin, n’oublie pas une chose essentielle : la BD a la capacité de nous faire ressentir les choses et à mélangé toutes les émotions. Les images de bande dessinée assoient le dessin dans la réalité.
« Quand je dessine pour les enfants, j’essaye de mettre davantage l’accent sur les expressions des personnages et sur les poses exagérées. J’ai tendance également à accélérer le rythme de la narration pour donner de l’énergie. Il faut que ça soit vivant ! Et les couleurs vont être beaucoup plus vives et même parfois plus originales ! » s’enthousiasme Bast.
L’auteur de BD Bast répond à nos questions
Bast, comment es-tu tombé dans la BD ? Est-ce une vocation ou un intérêt que tu as développé au fur et à mesure des années ?
À défaut d’être original, je dessine depuis que je suis tout petit… Je trouvais ça chouette de pouvoir illustrer tout et n’importe quoi, de pouvoir réduire le monde sur un bout de feuille et de pouvoir le faire n’importe où et à n’importe quel moment, du moment que j’avais une feuille et un crayon. Une activité pratique, libératoire, solitaire et silencieuse, c’était parfait pour moi ! L’idée de dessiner de la BD est venue très vite à mon adolescence et je me suis donné le temps et les moyens d’y arriver.
Comment se lancer dans la BD ?
Avant de se lancer, il faut cultiver des qualités essentielles pour pouvoir affronter ce métier d’auteur BD. Il faut être très patient pour mener des projets qui peuvent prendre parfois un ou deux ans de sa vie ! Il faut être curieux et se nourrir de tout ce qui se présente à vous pour enrichir votre imaginaire (il faut beaucoup lire, poser des questions, tout observer, tester, tenter, expérimenter, s’ouvrir à des domaines qui ne vous intéressent a priori pas…). Il faut être combatif, ne rien lâcher, recommencer s’il le faut, faire et refaire. Il faut beaucoup communiquer avec les autres, montrer son travail, écouter les conseils et les critiques. Et il faut surtout avoir confiance en soi, croire en son idée et en son projet plus que tout.
Une fois que tout cela existe, il vaut mieux commencer par présenter aux éditeurs un petit projet simple et efficace (ne surtout pas se lancer dans une grande saga de 15 tomes de 250 pages chacun, c’est effrayant, c’est fatigant, ça va faire peur à un éditeur qui ne vous connaît pas et vous n’en verrez jamais le bout). Il faut être sincère avec soi-même et ne pas se lancer dans un projet « qui ne vous ressemble pas ». Plus vous aurez du plaisir à dessiner ce projet, plus le dessin sera juste et plus le futur éditeur sera séduit.
Quels conseils peux-tu donner à un adolescent intéressé par l’univers de la BD ?
Pour débuter, on peut s’exercer avec des petits projets BD à poster sur les réseaux sociaux pour avoir des avis intéressants et se constituer une petite communauté. Il faut produire beaucoup et régulièrement, ce qui a pour avantage d’améliorer progressivement son dessin. Pour le matériel, on peut faire déjà beaucoup de choses avec un simple crayon et du papier, mais ça demande aussi d’avoir du matos informatique pour diffuser les images (un scanner, un ordi, un logiciel d’images…). Utiliser une tablette serait du coup une autre bonne solution ! On peut aujourd’hui avoir de beaux résultats graphiques tant sur le trait que sur la couleur et on gagne du temps : le dessin est déjà numérisé, il n’y a plus qu’à le partager !
Selon toi, quelle est la meilleure BD de tous les temps ?
J’ai toujours été impressionné (encore maintenant) par les BD Calvin et Hobbes, la série de Bill Watterson. Les histoires sont drôles et émouvantes, les personnages sont hyper dynamiques et expressifs et l’encrage est parfait ! C’est un petit bijou.
Pour découvrir le travail de Bast, n’hésite pas à le suivre sur Instagram !
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