Considéré comme lieu de convivialité, mais aussi de règles, le moment du repas à table constitue pour l’enfant les premiers territoires d’exploration et d’affirmation de soi. Le comportement des enfants à l’heure des repas peut pour autant être une source de stress fréquente. Des petits pois partout sur la table, des miettes au sol, de la purée dans les cheveux. Depuis qu’il s’entraîne à manger tout seul, votre enfant s’en donne à cœur joie…
Que faire quand votre tout-petit refuse de manger ou n’a pas du tout envie du plat proposé ? Est-ce grave si votre enfant ne fait que jouer avec la nourriture ? En quoi cela est-il important pour son développement ? On vous donne quelques repères dans cet article.
Manger tout en s’amusant, c’est important
Selon une étude réalisée par des chercheurs anglais de l’université de Montfort Leicester, menée en 2016 par le Dr Coulthard (1), laisser les petits jouer avec leur nourriture serait une bonne façon de les encourager à manger davantage de fruits et de légumes. En effet, donner la permission aux enfants de toucher des aliments comme les bananes, les tomates et les oranges les rendraient plus enclins à diversifier leurs envies.
Ces résultats suggèrent que le toucher et la sensation – et non le goût, comme on l’a longtemps affirmé – pourraient inciter les enfants à manger plus sainement.
Laisser son enfant jouer avec la nourriture : les bienfaits
La nourriture est un véritable éveil sensoriel pour l’enfant. Pour un enfant, un cube de pastèque est intrigant par son côté liquide, sa texture dure, à la fois molle. Et, pris du bout des doigts, peut devenir, empilé avec d’autres, un jeu de construction.
Le jeu avec les aliments peut également contribuer à l’amélioration des facultés motrices des enfants. Ces derniers essaient, peu à peu, de se nourrir seuls. D’abord avec leurs doigts, puis avec une cuillère. Ces manipulations, particulièrement importantes, leur permettent de découvrir et d’intégrer les différentes formes des aliments, mais aussi d’exercer leur capacité à manipuler des petites choses et de gérer leur coordination. Les moments de repas sont des occasions d’exercer leur agilité, tout en découvrant des aliments différents.
Pour les professionnels de l’enfance, le repas, au-delà du moment de découverte, permet de développer la socialisation de l’enfant. Selon Ayadi, en 2009 (2), l’enfant intègre des règles sociales lors des repas. Il apprend, même s’il est normal qu’il les refuse au départ, l’usage des couverts. Il comprend, au fur et à mesure, que ce sont des sources d’échanges et de partage. L’enfant va se saisir de ces moments de partage afin d’imiter les actions propres au repas de son entourage. Il va intégrer les processus nécessaires à la préparation des plats, éveiller son intérêt pour la cuisine et développer son langage.
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Les couleurs et les textures des aliments pour s’exprimer
Rien de mieux qu’une assiette rigolote et pleine de couleurs pour inciter les petits à « croquer un soleil », « donner un coup de dent dans le nuage », et acquérir le goût de la variété des aliments. On ne peut que vous inviter, parents, à instaurer de petits ateliers culinaires avec vos enfants, en servant les mêmes aliments sous différents aspects. Ici, place à la créativité et aux assiettes fantaisistes. Une pyramide en lamelles de courgettes, une forêt en carotte et persil, une maison en haricots verts, un soleil de maïs, des tampons en pomme de terre, des épices pour paillettes. Tout est possible. Il est aussi utile de s’aider d’assiettes peintes au préalable, comme base. Ce type d’activité a l’avantage de nécessiter peu de matériel.
Maria Montessori prône également les jeux de transvasements (3). Vous pouvez utiliser de la semoule ou des lentilles, ainsi que des contenants de différentes tailles et procéder aux jeux de transvasement. Ce, afin que l’enfant se familiarise avec les notions de volumes et de poids. D’excellents exercices pour développer sa motricité fine.
Vous pouvez aussi concocter l’indémodable pâte à sel avec un peu d’eau, de farine et beaucoup de sel, ou du sable à modeler avec de la farine et le l’huile. Vous pouvez également fabriquer votre propre pâte à modeler, votre peinture, votre potion à bulles maison, etc. Ces activités permettent de partager un moment riche avec votre enfant, et d’expérimenter ces nouvelles matières. Régalez-vous, dans tous les sens du terme.
Références :
- (1) Coulthard, H., & Sahota, S. (2016). Food neophobia and enjoyment of tactile play : Associations between preschool children and their parents. Appetite, 97, 155–159. https://doi.org/10.1016/j.appet.2015.11.028.
- (2) Ayadi, K. (2009), La transmission des préférences et des pratiques alimentaires entre les parents et les enfants, Thèse de Doctorat ès sciences de gestion, Université de Caen Basse-Normandie.
- (3) Fournier, M. (2016). Maria Montessori (1870-1952) « Apprends-moi à faire seul ». Sciences humaines, 279, 30-30. https://doi.org/10.3917/sh.279.0030
Sources :
- Brougère, G. De La Ville, V. (2011) On ne joue pas avec la nourriture ! Enfance, divertissement, jeu et alimentation : entre risques et plaisirs. Les Cahiers de l’Ocha, 16. ⟨hal-01627977⟩
- Rajohanesa, N. Ayadi, K. Masserot, C. (2010) L’enfant, les aliments plaisir et l’équilibre alimentaire : paradoxe ou complémentarité ?. Management & Avenir, 37, pp. 140-158. ⟨hal-00566968⟩
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